3.11.06

Quand le piano a le blues...

Je vais vous raconter l'histoire d'un vieu blues de Louisiane, au temps où les noirs jouaient du piano dans la mélancolie et les souvenirs. La révolte était introvertie, la fatalité régnait et chacun acceptait résoluement et tristement son sort.
C'était au temps de la Louisiane, celle du blues et du jazz, celle des ghettos par couleur et par niveau social, la Louisiane des colonies et de la religion. On chantait Dieu, on implorait Dieu, on louait Dieu.
La liberté que le blanc pensait prendre au noir, cette liberté, le noir en jouissait au travers de la musique et de son Dieu. On n'est jamais aussi libre que dans la créativité. Le blues est né dans la pauvreté et la liberté.

Je vais vous raconter l'histoire d'un vieu piano de Louisiane, triste comme le blues...

"Un vieux piano de Louisiane
Désaccordé comme un chagrin
Aux doigts d'un nègre mélomane
Jouait un vieil air de dédain.
C'était un blues à la peau noire
Qui montait de l'obscurité
Des bas-quartiers de la mémoire
Pour inventer la liberté:

Lève-toi, Dieu, et ce soir, laisse chanter ton sang noir!

L'argent fait de vous des complices,
Aujourd'hui nos dents sont salées.
Il faut nous rendre la justice
Que vos parents nous ont volée.
Nous en avons besoin d'urgence
Pour les pauvres et les affamés,
Pour les pendus de vos potences
Et pour les enfants blasphémés.
Lève-toi, Dieu, et ce soir, laisse chanter ton sang noir!

Regardez monter le déluge:
Il va tous nous passer dessus.
Ce sont les pauvres qui nous jugent:
L'acquittement ne se vend plus.
Allons, tous les grands de la terre,
Procédons au lever d'écrou,
Allons, passons à votre affaire,
Dieu dit: "Accusés, levez-vous !"



Auteur: Jean Debruynne. Compositeur: Gaëtan de Courrèges.