25.2.06

Ma nouvelle compagne.

Elle est là, nue et blanche, étalée sur la vitre de la table basse. Une blancheur à faire rougir la neige. Elle s'étire fine et menue, légère comme une plume. Il ne faut pas souffler au risque de la voir s'envoler ; le précieux trésor serait perdu à jamais.
Elle vient des Halles à Paris, où un jeune beur me l'a conseillée. "Une bonne affaire" comme il dit, "Tu ne seras pas déçu". Et j'y compte bien. Je la regarde, fasciné, tout excité avec l'envie déjà de la sentir, la froller, la carresser, la goûter gouluement.
Avec elle je vais partir, partir loin d'ici, ailleurs, dans un autre monde. Peut être même sur l'une des planètes explorées jadis par le Petit Prince, lui à la fois si triste et si heureux dont le rire résonne encore à mon oreille. Elle va m'emmener dans un endroit où il n'y a ni bonheur ni malheur, où la vie n'est que jouissance et plaisir. Un plaisir éphémère certes mais aujourd'hui seul la jouissance compte. La vie devrait être une éjaculation sans fin.
Je prends mon ticket de métro mauve, celui là même qui m'a conduit aux Halles, ligne une. Et avec, je lui carresse les flancs, je la dessine, l'allonge, l'étire en une ligne droite et fine sans en perdre une miette. Je prends mon temps afin de me concentrer, me préparer à l'acte ultime. Je savoure cet instant, sorte de préliminaire à l'acte d'amour. J'aime le travail bien fait. Je suis à la fois détendu et serein mais aussi excité et en début de transe. Elle ne dégage rien, ni chaud ni froid, elle est là et attend que je la consomme. Elle est envoûtante, perverse, une véritable diablesse qui sait tout le bien qu'elle va me faire mais aussi plus tard tout le mal. Peu m'importe seul le bien à venir compte en cet instant.
J'enroule mon précieux titre de transport en une sorte de petite paille, fine et serrée afin qu'elle soit le plus étanche possible.
Je la regarde une dernière fois, je la domine, elle m'est totalement soumise. Je pose la pointe de ma paille à sa tête ou à ses pieds, je ne saurai le dire précisement. Je suis à genoux devant cette table basse. Je pose ma narine à l'autre extrémitée du ticket de métro et je me lance sauvagement dans cet orgasme aspiratoire. Je la renifle de tout son long et je l'absorbe au plus profond de moi-même jusqu'à la faire totalement disparaitre. Il n'en restera pas une trace sur cette vitre.
Elle s'offre à moi, totalement dévouée et répond au prix pour lequel je l'ai achetée. Je la prends brutalement, sauvagement avec toute la puissance d'un shoot. J'ai les yeux rougis par le plaisir, le sexe gonflé par le désir... Je m'évade vers le paradis blanc.

Aucun commentaire: