5.5.06

"J'ai fait les valises dans mon coeur..."

Il y a des textes terriblement bien écrit, des mots qui résonnent, des phrases que l'on ne veut pas oublier.
Merci à Bleuduciel pour ces mots si simples mais qui en disent si long...

Je débarrasse la table, je fais le lit de Grand-père qui se laisse doucement mourir. Grand-père dit Quand ta Mamie est partie, j’ai fait mes valises dans mon coeur, maintenant j’attends le dernier train mais j’ai perdu les horaires. Chaque jour, je vais voir si le dernier train de Grand-père est passé. Le mercredi après-midi, c’est grand ménage, Grand-père est au café pour le turf, la maison sent le propre, le soleil brille sur le carrelage. Il y a une odeur de propre dans la cuisine, comme si Grand-mère essuyait la vaisselle en chantant. Je reçois une pièce de cinq francs de Grand-père, mon salaire d’éveillé. Grand-père m’offre une tirelire en forme de chien, avec œil au beurre noir et pelage d’ours blanc. Lorsque la tirelire sera pleine, je m’achèterai un sourire, celui que je porterai chaque jour et qui fera rester les garçons dans ma chambre. Si j’étais né avec un sourire tout prêt, sans bonnes notes en géographie et sans ménages, j’aurais souri mais je n’aurais pas écrit. A présent je fais les deux, je suis devenu complet, barré de céréales. Mon sourire n’est pas à vendre, je le donne sans recompter mes dents ; ils sourient, je suis l’invité de leur tirelire.
Pour Mathieu.

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