9.5.06

On regardait la télé le dimanche.

Ca a commencé mercredi dernier, jour de marché dans ma ville. Ils étaient là, discrets avec leurs micros et leurs caméras. Enfin discret, dans une ville paisible de 11 000 âmes, les journalistes ne restent jamais inaperçus. Ils sont venus en repérage, pour effectuer un petit reportage rapide sur la ville, ses citoyens, l'église qui fête ses 50 ans, un film d'une minute trente au plus qui passera en début d'émission. Puis l'artillerie lourde est arrivée dès vendredi, des gros camions, bien propres, bien blancs, avec de gros logos "SFP". Le parking cirulaire autour de cette église ronde leur a été totalement réservé.
La journée de samedi a été consacrée à l'installation des quelques tonnes de matériel, caméras, projecteurs, échaffaudages, micros et quelques kilomètres de cables. De l'animation au sein de la ville qui a permis à certains de mettre les pieds dans l'église pour la première fois, juste par curiosité.
L'après midi a été consacrée aux répétitions, avec 50 minutes de programme dans un quasi-direct (un différé de 30 secondes est prévu justement pour les imprévus) ne laisse pas la place à l'improvisation. Alors il a fallu couper dans des textes, des chants, des déplacements pour tenir le temps d'antenne prévu.
La messe télévisée n'est en fait qu'un immense spectacle réglé à la seconde prêt, l'une des plus ancienne émission du PAF, toujours en direct. La voici pour la première fois dans l'église d'Yvetot qui fête ses 50 ans, construite en 1956 après le bombardement de la précédente en 1942. Originale, ronde, dotée de la plus grande verrière en Europe réalisée par Max Ingrand, elle est royale et rayonnante par jour de grand soleil. Il était bien là dimanche matin pour faire briller de mille feux ces vitraux flamboyant ou règne un Christ en croix mais surtout un Christ en gloire.
Arrive en fin de journée une oreille énorme, une parabole qui assurera la retransmission via sattelite vers la régie finale de France 2 à Paris.
Me voici, dimanche matin, devant la télé pour regarder, une fois n'est pas coutume, la messe à la télé. J'avoue ne pas m'être mis à prier, juste spectateur pour admirer l'église où je fus autrefois enfant de choeur. Je regarde tous ces visages connus, d'autres moins, parfois venus de très loin pour participer à l'évènement, avoir le privilège d'être filmé, de passer à la télé, la messe serait-elle la nouvelle émission de télé réalité ?
11h50, générique de fin, le timing a été respecté, j'apprendrai plus tard que le grand producteur parisien de l'affaire a aussitôt appelé le réalisateur pour le féliciter sur cette très bonne prestation. Il y a de l'animation à la sortie de la messe, une heure après il reste encore des "fidèles" un verre à la main sur le parvis, à papoter et à refaire la cérémonie. Les techniciens s'affairent pour tout remballer. Certains demain seront sur une compétition sportive, d'autres sur un enregistrement du grand Cabaret de Patrick Sébastien, il faut être souple et s'adapter.
La ville se rendort paisiblement, il fait beau, le désert regagne le centre ville, les repas sont animés dans les chaumières, les magnétoscopes et autres lecteurs DVD tournent à plein régime.
On regardait la télé le dimanche.

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