19.12.05

Mon Père est devenu Monseigneur

Christian est né peu après la guerre. Il est le fils unique et protégé des ses parents, agés mais fiers de leur fils. Ses parents ne seront jamais grand-parents. Il a choisi une autre voix il y a déjà fort longtemps.
J'ai connu Christian alors même que j'étais enfant de choeur. Il faisait ses premières armes dans l'Eglise. Il a un CV qui en ferait rougir quelques uns et n'a pas brillé dans la politique ou dans le monde des affaires, simplement en se mettant au service des Hommes. Il croit. Il croit mais ne juge pas. Chacun est libre de croire en ce qu'il veut mais chacun a le devoir du respect.
Christian a été appelé à de nouvelles responsabilités auxquelles il a dit oui.
Il y avait fort longtemps que je n'étais pas entré dans la Maison de Dieu. Il y avait foule. J'étais gêné de figurer parmi les privilégiés, ceux qui ont obtenu la précieuse invitation. Devant des dizaines de Frères, prêtres et Evêques, Christian a été ordonné Evêque du diocèse voisin. Il sera apprécié sans nul doute, l'accueil des fidèles le montre déjà. Ses parents sont fiers mais tellement émus, une joie dans leur maladie.
Il est loin le temps où je passais mes vacances au camping, avec quelques amis et Christian, incognito, entre chahuts à la piscine et bataille d'eau, et les célébrations au coeur du mobil-home, discrètement pour ne pas troubler les vacanciers voisins.
Il est loin le temps où j'étais enfant de choeur, où j'entrais régulièrement dans les Eglises pour prier, pour communier. J'ai revu mon ancien curé qui semblait très troublé. J'ai revu mon ancien Evêque, retraité dans sa Savoie natale. La chimio laisse des marques indélébiles.
Il est loin le temps...
J'ai prié. J'ai regardé, spectateur, ces amis depuis 25 ou 30 ans. J'ai regardé les enfants de choeur d'aujourd'hui, adolescents, désirables sous leurs aubes blanches, plus intégristes qu'autrefois, impeccables dans leur rôle souvent théatrale.
Qu'il était bon le temps de l'enfance, le temps de l'insouciance.
Christian tu es dorénavant bien plus que mon Père, tu es Monseigneur.

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