9.4.05

Me croiriez vous ?

C'était dans un hall de gare. Une foule incroyable, des mouvements perpétuels. Départs, arrivées, visiteurs, voyageurs, retard, courrir, adieux, larmes, baisés amoureux, séparations, baisés langoureux, inconnus, regards échangés, étrangers... un lieu de vie extraordinaire, microscosme au coeur du monde. Lieu d'échange, changement de quai, croisement des départs et arrivées, destinations inconnues, mélanges des peuples, races et cultures, des ages et générations, des couches sociales... où peut il y avoir ailleurs un tel brassage ?
Je suis au plein centre de ce hall immense et sonore. Je tourne sur moi-même tel un travelling autour d'un axe. Mon regard est à 1m75 et est figé sur une zone de plus ou moins 10 cm. J'observe sans me cacher, voyeur, je dévisage, je regarde cette foule en effervecense. Impressionant et pourtant je me sens bien, en sécurité, protégé. J'essaye de fuir certains regards et d'en capter d'autres. Quelqu'un m'indique une direction à regarder, je me tourne en ce sens et je vois quelque chose de magnifique. Un océan, du corail, du soleil, une mer calme et chaude, désirable, une profondeur lumineuse et appaisante. Je crois en un rêve mais... non tout ceci est bien réel, j'en suis sûr.
Je remarque qu'il est comme un reflet, seul, au milieu du hall immense et sonore. Il tourne sur lui-même tel un travelling autour d'un axe... Nos regards se croisent comme le faisceau lumineux de 2 phares Bretons qui se croisent sans cesse.
A cet instant, l'espace temps se fige totalement.
Les faisceaux s'arrêtent de tourner pour revenir sur ce point de rencontre. L'association de ces 2 faisceaux sur la même ligne, le même axe, innonde le hall de lumière, une lumière de plus en plus intense et éblouissante. Un axe qui ne sépare pas, un axe qui unit et réunit.
Je lui souris et il me répond aimablement. Le vide s'installe autour de moi, autour de nous, la foule et les murs s'évanouissent dans la lumière blanche et pure. Les bruits s'étouffent et meurent. Nous sommes maintenant seuls dans l'immensité de l'infini, poussières à l'échelle de l'univers.
Nous voici unis par ce faisceau lumineux, autoroute d'échanges, d'énergie, de chaleur, de sentiments.
Les premiers mots du Petit Prince à l'aviateur ont été les suivants : "S'il vous plait... dessines moi un mouton !". Voilà ce que j'aurai pu simplement lui demander. Les mots qui permettent de décrire ce qui se déroulait à cet instant dans ce hall immense où grouillait une foule préssée, n'existent pas, des mots que chacun de nous ressentent un jour ou l'autre au coeur de nous même mais que la bouche ne peut traduire.
Si je vous disais que ma vie ne sera plus jamais la même depuis cet instant,
si je vous disais que je peux aller au bout du monde et même au-delà pour faire vivre ce faisceau lumineux,
si je vous disais qu'il n'y a pas chose plus importante que cet échange dans ma vie,
si je vous disais que dans cette foule immense mon regard n'aurait pu s'arrêter sur un autre,
si je vous disais que l'Amour est plus fort que la haine,
si je vous disais que j'aimerai écrire l'Histoire,
si je vous disais que je suis comme un enfant qui pense que la vie est un rêve magique,
si je vous disais que je crois au Pardon de Dieu et au pardon des Hommes,
si je vous disais que l'Homme n'est pas né pour vivre seul,
si je vous disais que l'Amour maternel est le berceau de l'Humanité,
si je vous disais...
me croiriez vous ?

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