11.9.06

J'avais les yeux humides, c'était un 11 septembre, presque comme un autre.

C'était un jour comme un autre, un jour où le soleil brillait. J'étais en vacances. Je faisais de la peinture. J'étais heureux à l'époque, insouciant. Je n'avais pas encore rencontré l'Amour. J'étais innocent et naïf mais heureux. Ca me convenait bien.
La vie était belle. L'Histoire avait connu ses horreurs, ses troubles, ses guerres. On avait connu la Gerre du Golf, la première, en direct le soir à table devant le téléviseur. On buvait notre soupe en voyant les bombes en direct sur Bagdad. La mort à table.
Je peignais et j'avais mis la télé en fond sonore. Je chantais, j'étais ailleurs. Le soleil brillait. Une semaine de vacances paisible, sans voyage, juste pour se reposer et profiter de l'arrière saison. Il me fallait aussi préparer un grand évènement associatif qui me tenait à coeur depuis de longs mois. Il restait à peine 45 jours pour tout mettre en place. J'étais bien, pausé, reposé, impatient et heureux.
Et puis il y a eu la suspension du programme télé, c'était matinal. J'ai fait une pause dans ma peinture, une pause qui durera toute la journée, le monde venait de basculer dans une nouvelle horreur, une nouvelle forme de guerre du jamais vu. Là aussi en direct sur toutes les télés du monde. Une guerre qui s'annonçait mondiale, violente, soudaine et sournoise, une guerre que j'ai cru être la dernière. J'avoue j'ai eu peur, j'ai eu très peur, j'avais les yeux mouillés devant une telle lâcheté. Je ne supporte pas la lâcheté, je la haïs. On parlait de Paris, de Montparnasse, de vigipirate, de l'armée... Je m'imaginais déjà en treillis, réquésitionné. J'étais naïf c'est vrai. Mais on perd ses moyens, sa logique, la raison devant un tel évènement.
L'Amérique, ce continent et ce pays que l'on nous vend dans nos livres d'Histoire depuis le primaire, comme le pays de la Paix, la 1ère puissance mondiale, le pays nouveau... l'Amérique touchée en son plein coeur, dans le centre de sa ville mythique, New York, attaquée par l'intérieure. Le ver était dans la pomme.
J'ai réalisé la violence, la puissance, la lâcheté au pire moment, quand la première tour s'est effondrée. L'Histoire venait d'être modifiée. Il n'y aurait plus jamais ces tours dans le paysage, dans la géographie. Il n'y aurait jamais plus ces hommes et ces femmes qui ont succombés dans les gravats, réduits en poussières inhalées par leurs pairs, canibalisme involontaire. Ils flottent dans les airs, le vent les a emmenés vers le large comme on répend des cendres.
Ce jour là était un jour comme un autre, un 11 septembre en 2001. Il a changé le monde, il a changé ma vie. J'avais les yeux humides, j'ai pleuré avec pour seule honte celle de vivre dans un tel monde, la honte de laisser un tel héritage aux générations futures.
J'ai compris ce jour là combien notre passage est éphémère. Je ne suis pas un battant, mais j'irai depuis ce jour au bout de mes rêves, au bout de mes idées, au bout des mes rencontres, de mes amitiès, au bout de mes combats. Aucune souffrance ne sera aussi forte que celle de ce jour là. Tous les moyens seront bons, mais il faudra vivre, se battre, aller au bout des combats jusqu'au dernier soupir, je n'ai que ça en tête, vivre est un combat.
J'avais les yeux humides, je les aurai encore, les larmes ne lavent pas, elles n'effacent pas, elles apaisent.

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