10.2.05

La curiosité etait déjà un vilain défaut.

Qui se souvient de ses débuts ? Ca faisait bien longtemps que j'étais là, bien au chaud, à me construire. Un temps que je ne savais pas mesurer à l'époque puisqu'à cet endroit le temps n'a pas d'importance. Je grandissais dans la plus belle et confortable position du monde : la position foetale. Toute ma vie je la rechercherai pour me rassurer et me protéger.
Chaque instant passé dans cet univers était nouveau et ponctué de découvertes. Milieu aquatique à température constante. J'imagine que la lumière y était tamisée et les bruits feutrés. Je devais bien m'y sentir, au calme, au chaud, protégé de l'inconnu.
Rapport unique et privilégié avec Maman, toi qui m'a donné la vie, qui m'a nourrit. Je voudrai garder cette image de toi à jamais, je voudrai te fuir pour ne pas voir la déchéance qui est en train de s'emparer de toi. J'aurai voulu te prendre dans mes bras, sentir ta chaleur, ta protection comme autrefois. Peut être le ferai-je plus tard, quand tu seras devenue une étrangère, absente, que tu ne me reconnaitras plus.
J'étais là, au coeur de toi et un jour la curiosité et le manque de place m'ont incité à vouloir découvrir autre chose, à sortir de ce petit monde qui était le mien, le nôtre. Je ne me doutais pas des conséquences et du traumatisme qui m'attendaient. La longe et terrible extraction de mon cocon, la violente lumière qui n'était plus tamisée, le bruit assourdissant qui résonnait à mes oreilles et qui n'était plus feutré...
Et puis certainement le plus violent, l'ouverture subite de mes poumons, le déploiement de ma cage toracique tel un ballon que l'on met sous pression, la brulure engendré par cet élément nouveau qui envahissait mon corps.
J'ai du être secoué et bousculé pour atteindre les cris, les pleurs... avant d'enfin être posé du le ventre chaud de Maman pour la découvrir autrement.
C'était il y a longtemps, j'y etais mais je ne m'en souviens pas.

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